10 conseils pour réduire ses budgets d’assurances
En ces temps troublés, nous vous offrons ici 10 pistes de réflexion sur votre budget d’assurances.
Avertissement :
Réduire son budget ne veut pas dire mettre en péril ses couvertures !
Il ne s’agit en aucun cas de par exemple sous-déclarer certains montants (sous-déclaration qui pourrait vous exposer à l’application de la Règle Proportionnelle *).
Les types d’assurance obligatoire sont peu nombreux (voir notre article sur les assurances obligatoires *) mais ce que vous assurez doit être bien assuré (ni trop, ni trop peu).
Enfin, dîtes-vous que les économies réalisées pourront utilement être partiellement réinvesties dans des couvertures dont vous ne disposez pas aujourd’hui (ex : Responsabilité des Dirigeants).
1er outil : la prévention :
Cela va vous paraître un outil de long terme ou incertain, mais c’est pourtant le premier à regarder.
Ranger son entreprise, former ses équipes, mettre en place un contrôle thermographique, installer une télésurveillance, … :la liste est longue.
Au minimum, vous travaillerez mieux.
Votre assureur sera enclin à baisser votre prime.
Et vous éviterez les sinistres ou en réduirez l’impact.
Certaines grandes compagnies d’assurances (FM Global par exemple – www.fmglobal.fr) en ont fait un outil de choix pour sélectionner et piloter leurs clients, pour le plus grand bonheur de ces clients.
Et si vous commenciez par former vos commerciaux à la conduite automobile ou à la rédaction du constat d’accident ?
La prévention, c’est un peu comme se brosser les dents : en apparence contraignant mais fort utile à moyen terme.
2ème outil : Fédérer ses budgets :
Votre entreprise a changé, elle a grandi, elle a racheté des sites, des activités…
Au fil du temps, son contrat d’assurance est devenu un empilement (difficilement lisible).
Regroupez vos contrats !
Visez au final à avoir :
-un contrat Responsabilité Civile
-un contrat Dommages (avec une table regroupant les lieux de risque et leurs « contenus »)
-un contrat Flotte de véhicules.
Vous y gagnerez sur plusieurs plans :
-des contrats plus lisibles, plus faciles à mettre à jour
-des échéances synchronisées (donc moins de risque d’erreur)
-des montants ou garanties globaux, qui pourront éventuellement s’appliquer à plusieurs sites (flottants)
-une économie obtenue auprès de l’assureur.
C’est une règle dans les achats : quand on veut négocier, il faut commencer par mettre son offre en ordre.
3ème outil : Les garanties :
Nous l’avons dit en introduction : peu d’assurances sont obligatoires. A vous de choisir ce dont vous avez besoin :
• La Responsabilité Civile ne fait pas débat
• Pour vos locaux, idem pour les « Risques Locatifs » si vous êtes locataire (vous avez des obligations vis-à-vis du bailleur)
• Ne parlons de l’assurance automobile obligatoire (seulement la responsabilité civile)
• Prenez en compte les autres obligations souscrites :
o Lors d’un leasing (assurance Bris de machines)
o Lors d’un emprunt (assurance emprunteur)
o Etc
Pour le reste, vous pouvez peut-être vous autorisez, au moins temporairement, quelques impasses.
Un bon exemple pour vos véhicules :
Faut-il assurer le bris de glace ?
Faut-il s’assurer en Tous Risques ? Vos véhicules de plus de 5 ans ou en tout cas de plus de 8 ans devraient être assurés uniquement en « RC Vol Incendie » (ce que vous nommez « au tiers »). Economie de prime à la clé de l’ordre de 40%…
4ème outil : La perte d’exploitation :
Là c’est du sérieux, on parle de près de 35 ou 40% de votre prime Multirisque.
Il s’agit en réalité d’une des « garanties » évoquées dans le troisième outil.
C’est un vrai dilemme :
En théorie, il est souhaitable d’assurer non seulement vos équipements, mais aussi et surtout la perte financière engendrée par un arrêt.
Dans la pratique, si vous êtes étranglé financièrement, peut-être devrez-vous provisoirement y renoncer…
D’autant qu’à bien y regarder, peut-être n’en n’avez-vous pas besoin :
-si vous avez par exemple 2 usines ou 2 lignes de fabrication éloignées et non saturées
-si vous voyez comment vous dépanner en cas de sinistre (chez un voisin, en louant…)
5ème outil : L’assurance au premier risque :
Il s’agit à dire vrai d’un outil que les assureurs n’aiment guère. Nous allons voir pourquoi.
Petite histoire :
L’entreprise Dubois (blanchissage industriel) exploite 10 sites en France, chacun d’une valeur de 2 millions (sauf un valant 3 millions et un dernier valant 1 million).
Comment doit-elle s’assurer (déclarer) ses risques ? Doit-elle déclarer 20 millions (10X2) de capitaux ?
Elle va plutôt essayer de bâtir une assurance « au premier risque », à hauteur de 3 millions.
Comme il est peu probable que ses 10 sites s’envolent en même temps en cas de tempête, ces 3 millions sont largement suffisants. Et la prime est évidemment très basse…
L’assureur n’aime pas, car ce schéma est prélude à un contrat très « tendu », peut-être déficitaire : peu de prime pour couvrir des sinistres en 10 sites !
Notons d’ailleurs qu’il ne faut pas non plus trop négocier son contrat (au risque d’avoir un rapport S/P –sinistres/prime- très haut du fait d’un P très petit).
6ème outil : La franchise :
C’est l’outil le plus évident, sans doute le plus efficace (auto-assurance).
Il n’est pas toujours si utilisé :
Petite histoire :
L’entreprise Dumont a grandi. A partir du siège de Nevers, elle a grossi et essaimé à Bordeaux, Lille, Tours, Poitiers…
Dans ses contrats initiaux, qu’elle a conservés, elle avait une franchise de 500 euros.
L’entreprise est vendue. Le repreneur, après examen, décide que l’entreprise peut parfaitement supporter une franchise de 5000 euros (il ne présentera pas les petits sinistres à l’assureur).
La prime baisse dès lors de 40%…
Une histoire à méditer car, en tant que PME, vous êtes aussi en compétition avec de grands groupes, qui ont des pratiques d’assurance très différentes (très grosses franchises que les filiales se répartissent et primes très basses). Comment lutter à armes égales si on ne revisite pas ses propres façons de faire ?
7ème outil : La LCI (limitation contractuelle d’indemnité) :
Il s’agit d’un outil dont votre intermédiaire ne vous aura pas nécessairement parlé, et que vous ne connaissez pas. Erreur ! Car il peut vous permettre de fortes économies de prime.
La franchise est une sorte de « plancher », qui relève le niveau à partir duquel on vous indemnise.
La LCI est, elle, un « plafond ».
Elle précise à l’assureur que, quoiqu’il arrive, il ne vous remboursera pas plus que tel montant, globalement ou sur telle ou telle garantie.
On indique ainsi couramment « LCI XX mios euros » en bas du contrat.
La LCI est très utile par exemple pour limiter la durée de la perte d’exploitation :
-usuellement, les contrats prévoient 12 mois de garantie Perte d’Exploitation
-dans bien des métiers (négoce par exemple), ces 12 mois sont excessifs et 4 ou 6 mois suffisent à se remettre globalement en ordre de marche
-si par exemple la marge brute annuelle est de 8 mios euros, une LCI de 4 mios euros sur le poste Perte d’Exploitation permet de limiter cette garantie à 6 mois (8miosX6/12). C’est un peu technique, mais cela vaut le coup…
On comprend que l’assureur octroie dès lors une baisse de prime :
En introduisant une ou plusieurs LCI, on lui permet de mieux cerner, de limiter le risque qu’il prend. N’oublions pas à ce propos que l’assureur se réassure (revend plus haut une grande partie de votre risque), ce qui a un coût.
8ème outil : La participation bénéficiaire (PB) :
Encore un outil peu connu, et donc peu utilisé.
Qui ne demande rien n’a rien : si vous ne connaissez pas les outils, comment demander des baisses de prime ?
Cet outil est notamment utilisé dans les contrats d’assurance de transport de marchandises (ou en assurance-vie).
Le principe est simple (et connu dans d’autres industries que l’assurance) : demander une remise au fournisseur si on a été vertueux (=partager les économies).
Concrètement, ce type de clause prévoit une remise sur une partie de la prime passée, déduction faite des sinistres.
Exemple d’une clause dite « 20 sous 35 » :
A :Prime=1000 €
B :PrimeX(100-35)%=650
C :Sinistre =100
D :Participation bénéficiaire = (B-C)X20%=(650-100)X20%=550X20%=110 € rétrocédés
Là encore, cela parait ardu. Mais concrètement, c’est vous l’avez compris 11% de remise !
9ème outil : Honoraires et commissions :
Les métiers de l’assurance fonctionnent essentiellement sous forme de commissions (en moyenne 15% des primes nettes, soit environ 12% des primes TTC).
Chacun connait les avantages et inconvénients des honoraires et des commissions.
Il peut se révéler intéressant pour l’industriel de proposer au courtier de passer en rémunération sur honoraires. L’industriel aura moins l’impression que le courtier « surfe » sur la multiplication des contrats et la hausse des primes.
Ce système tend d’ailleurs à se développer (notamment sur les gros contrats).
Il revient à estimer la charge de travail (par exemple sur une grosse flotte auto : émission des cartes vertes, sinistres) du courtier puis à rémunérer ce temps passé assorti d’une marge.
Le courtier aura à examiner comment lui doit traiter fiscalement la chose (beaucoup de courtiers ne récupérant pas la TVA).
Un chiffre d’affaires 10 fois supérieur demande-t-il 10 fois plus de travail (et des commissions fois 10) ? C’est toute la question.
A l’inverse, un dossier très complexe (exemple Dommage-Ouvrage) avec beaucoup de travail justifiera sans doute la perception de frais ou honoraires en complément de la commission, surtout si la base est faible. Ne soyons pas maximalistes…
10ème outil : La révision périodique des contrats :
Ce dernier outil rejoint un peu le 2ème outil (« fédérer ses budgets ») car il a trait à l’organisation de votre offre.
Il est certain que vous devez périodiquement réviser votre dispositif :
-hausses conjoncturelles annuelles des compagnies (le principal facteur)
-empilement et inadéquation croissante des contrats
-immobilisme du courtier (et de l’entreprise, qui a d’autres sujets)
-modification du marché de l’assurance (nouveaux acteurs, nouvelles offres)
Entre deux extrêmes :
-ne pas toucher pendant 10 ans à ses contrats
-résilier tous les ans l’ensemble de ses polices (pratique ridicule qui fait sourire assureurs et courtiers)
il y a un mi-chemin.
Une recommandation pourrait être :
-tous les 3 ans, demander une sérieuse revue des prix à son courtier
-tous les 6 ans, faire une remise en compétition complète (le courtier tenant pourra être convié à y participer auprès, contrat par contrat, des compagnies avec qui il travaille alors).
Un peu de doigté : on sera plus prudent pour remettre en cause des contrats complexes :
-responsabilité civile
-construction
-assurances collectives.
-etc
On procèdera de manière sensée :
Sauf si on est un très grand groupe (capable de lancer un premier appel d’offre qualitatif –destiné à sélectionner un intermédiaire- puis un appel d’offre quantitatif, on sélectionnera (en plus du courtier « tenant » déjà évoqué) un seul courtier challenger.
En effet, certains néophytes téléphonent à 3 nouveaux courtiers, qui se précipitent pour « saisir » chacun… les mêmes 5 ou 6 compagnies disponibles ! Résultat : au bout de 48h, personne ne comprend plus rien à l’appel d’offre et les acteurs s’en détournent.
Là encore, sur ce 10ème outil, un peu de sueur, un peu de travail. Mais cela paye…
Conclusion :
Aucun outil magique, mais beaucoup de pistes.
Soyez pragmatique : mieux vaut une économie pérenne de 20% qu’un illusoire 40% que la compagnie ne reconduira pas. Méfiez-vous des vendeurs de trop forte baisse (notamment en assurances collectives).
Mettez d’abord de l’ordre dans votre dispositif, vos contrats, votre prévention, votre sinistralité.
Soyez « fair » avec votre agent/votre courtier, également avec le courtier challenger (qui ne doit pas servir de lièvre), avec les compagnies (qui ont la mémoire longue).
Soyez, seul ou avec votre courtier, raisonnablement imaginatif (pourquoi pas un contrat aux Lloyd’s ?).
Bref, faîtes du business !